Ma venue
Je suis née un jour de printemps enneigé dans les années 60. Deux frères me précèdent.
Aprés avoir marché de longues longues minutes afin de rejoindre cette clinique si pourrie, par ce long cours bloqué. Il neigeait.
La table qui t'a accueillie pour ma venue s'est renversée.
Et de tes cauchemars à ma naissance... je me les ai suis appropriée à ton insistance.
Un couteau planté dans le dos par la sage femme qui m'a accueillie, les voisins qui accourent à tes hurlements en pleine nuit. Quelles étaient tes peurs ma mère? Que craignais tu de ma venue?
Et de ce prénom choisi : la même première lettre que le tien, afin de m'offrir ton trousseau.
J'aurai peut être le prénom d'Anne, celui que vous aviez choisi et sur lequel vous nourissiez votre amour avec mon père. Le premier prénom féminin que vous projettiez à la naissance de votre ainé.
A comme le début, la promesse d'un alphabet à grandir... Le S m'a condamnée.
Entre ces trois années, peut être as tu douloureusement évolué. Et as tu voulu te débarrasser de ton histoire.
Sauf, que je suis née MOI, et ton trousseau, j'en voulais pas.
Bien même si j'entends ton mal être, les répercussions n'en sont pas restées là et à l'aurore ou à l'aube de ma vie, je ne peux ne pas t'en vouloir Mère.
J'ai tant souffert, j'ai tant pleuré, crié pour t'alerter. Tu en étais fatiguée et t'en plaignait tant, tu attirais la compassion de chacun, il est si difficile ce bébé.
Oui, c'était MOI. J'existais.
J'avais besoin d'amour et de calme. Je ressens encore ton aggacement et ta difficulté à me prendre dans tes bras. Ce ras le bol que je représentais. Ton trousseau.
Cette odeur de cave que j'adore, où je te soupçonne de m'avoir enfermé , sous l'escalier. Tu ne m'entendais plus, mais je vivais encore Maman. Et je criais toujours.
Dans cet endroit, j'ai fini par me trouver en calme loin de toi, je ne sentais plus tes tensions à mon endroit. Peut être une fée venait-elle me rassurer.
